BEÏT
Kenget shqipe te shekullit XIX
Oi'moe edhe gyoùmin' kyoe flyé
Me sevdd 2 toende pô hâhem,
Gyersâ toe moe mboulyôinoe me dhé
\ gâ zotoeri' toende noûkoe ndâhem.
Même pendant le sommeil que je dors
Par ton amour je ne cesse d'être dévoré,
Jusqu'à ce qu'on me recouvre de terre,
De ta seigneurie je ne nie séparerai pas.
Mbétçoe si goûr noe sokdk.
Crvith' me koémboe moe çtûinoe,
Troendafilyi noe bardàk,
Lyoûaimoe pâk sinoe.
1. Du mot arabe, voy. L'Avertissement. Ce sont des chansons amour
en forme de quatrains, en vers de huit syllabes et à rimes mêlées. C'est par
tption que les deux derniers vers de ce premier quatrain sont de dix syllabes,
et le premier du douzième quatrain de douze. La régularité métrique
n'est pas, au reste, ce qui paraît distinguer la versification albanaise. Voy.
Cam., App., p. 193. — On remarquera dans plusieurs de ces petites pièces, et
dans d'autres encore, une sorte de dédoublement ou d'obscur parallélisme
d'idées, qui rappelle les pantouns malais.
'-f. Les mots en italiques sont turcs.
— 86 —
Je restai comme une pierre dans la rue,
Chacun me pousse du pied,
La rose * est dans le vase,
Nous jouons un peu de l'oeil (en passanl l,
ïç ké zaloemk'' e Peroendiscr.
Tç ké me moûa foukarânoe?
Si doili 2 kour çkôn tçartçisoe.
Prîçe moentç gyithoe dunydnoe.
Qu'as-tu, tyran (envoyé) de Dieu.
Qu'as-tu avec moi misérable?
Dans ton élégance, quand tu passes par le bazar,
Tu fais perdre la raison à tout le monde.
Zumbûlhe è zilhkadé (?)
Noe dimoer moe s pâçoe parce,
Koû e koepoûte moe roefé.
Se kvô na sôlhi behdroe.
Des jacinthes et des narcisses (?)
En hiver je n'en avais jamais vu,
Où tu les as cueillis révèle-le moi.
Car ils nous ont apporté le printemps
D.
Prâpa mâlyit moe hoe foûçoe
Syarikyes * se vyén behâri :
1. La maîtresse qu'on regarde du coin de l'oeil en passant.
2. Litt. comme une dodi , originairement nom propre turc, employé
comme synonyme d'une, femme élégante.
3. Tout ceci est figuré et signifie, en somme, je n'ai rien vu d'aussi beau
irue toi.
4. Mot incompréhensible: on ne peut même reconnaître à quelle Langue
il appartient,
— 87 —
Çkô tsigârin noenoe goûçoe
Toe toe vinoe i oemboely douhâni.
Derrière la montagne dans une plaine,
Bonne nouvelle (?), carie printemps arriv
Passe le cigare sous ton cou
Vtin (|iie le tabac te paraisse bon.
Boukourinoe e ké uie sûr,
Yelhakiii s ké mouabéiur.
Alhdou toe boeftoe mcmoùr.
Te dhoentoe masip gyenémnoe
De lu beauté tu en as plus qu'il n'en faut,
Mais tu manques d'amabilité ;
Puisse Allah faire de toi un employé (?),
Puisse-t-il te donner un châtiment convenable.
7.
Noe mes toe fâkyesoe grôpoe,
Si parc e misirlhisoe,
A nifront tç i vinoe lyôtoe
Ngâ sevdâi/ e boukourisoe.
Au milieu de la joue (tu as) une fossette,
Comme une monnaie d'Egypte [
:
A l'ainant (à moi) comme les larmes lui viennenl
A cause de l'amour de la beauté!
8.
Dulbér, to tu 1 tliém noe fyâlyoe,
Uhakin toe m'a digyôntç,
Se zotoerôte m'a di hallue.
Toe flyâtç edhé toe kouvoendôntç
1. î.iti. de L'Egyptienne,
— 88 —
Objet aime, je vais te dire une parole.
Mais que tu l'exauces !
Car ta seigneurie connaît ma passion.
I l'est) que tu parles et que tu converses (avec moi )
9.
Koetâ mâlyet' me toebôroe
Setç kyâinoe hdllioet e mia !
Te ké, o poûçt, kyoe s flyét me gôyoe ?
Kyoe e gyétç ngâ Peroendîa !
Ces montagnes couvertes de neige
Gomme elles pleurent sur mes chagrins !
Qu'as-tu, objet aimé, que ta bouche reste muette ?
Puisse Dieu t'en punir !
10.
Si pamboûkou to toe dzboûteto,
Velhakin s toe thônoe sadik,
Vyén zemcin kyoe to toe lyoûtetç,
Toe thrétç, « koû yé, o arcik ? »
Comme le coton tu t'amolliras,
Cependant on ne te dit pas... l
,
Le temps viendra que tu me supplieras,
Que tu t'écrieras, « où es-tu, ô amant ? »
11.
bir, setç moe plyagôse
Me siçané, t'outhâftoe krâhou !
Me nâze setç moe karfôse
Atyé tek s moe zoe djerâhou!
O enfant pourquoi m'as-tu blessé
D'un coup de feu, puisse ton bras se briser !
Avec tes airs gracieux pourquoi m'as-tu frappe
Là où le chirurgien ne peut mettre la main 2
.
1. Il n'y a aucun sens à tirer du mot sadik. juste..
2. Dans le coeur.
— 80 —
Moustâkiya yôte posa toe kâ dirsour
Moe kâ *nda toe toe rhî prânoe,
\Iu« rhî si nous' e stolhisour.
Posa vvén m'a ctôn sevddnoe.
Depuis que ta moustache a commencé de paraître,
J'ai le désir de m'asseoir à tes côtés ;
Assis, tu ressembles à une fiancée dans ses atours :
Plus je vais, et plus mon amour s'augmente l
.
13.
Fâkye e koûkye si baya,
Pandây tç ya poelykyén arcikou t
Fôlyoe, o tçoùn, t' oulyoûmtoe gôya.
Toe poelhtsâsoe mumfikou !
Joue rouge comme la couleur 2
.
Aussi comme l'amant en raffole !
Parle, enfant, heureuse soit ta bouche !
Puisse ton ennemi crever 3
!
14.
Munafikoetoe di ngâ di,
Pô poer toe kalhoezoûaroe,
Tek-dô çônoe nônoe delhi
S e lyânoe pa helymoûaroe.
Les ennemis sortent deux à deux.
Mais rien que pour calomnier,
Partout où ils voient un jeune homme
Ils ne le laissent pas sans l'empoisonner 4
.
I. Litt. A mesure que (le temps) vient, tu m'augmentes l'amour.
2 Une couleur servant à la teinture.
3. Crever de dépit, en voyant que tu me parles. L'ennemi, ou plus exacte
ment Vhypocrite, c'est un jaloux, un rival.
4. De médisances, de calomnies
90 —
15.
Dirbih/i dégoe moe dégoe,
Moe iïoe dégoe toe hourmdsoe
Gyéti, moe s pouçôn koûrhoe,
Se kyân lidlhet e sevddsoe.
Le rossignol (saute) de branche en branche,
Sur une branche du palmier
Il a trouvé (une place à son gré), il ne cesse jamais (de chanter),
Car il pleure les peines de l'amour.
M.
Mâly poer mâly to toe poerpikyein,
Si parvdzi to toe digyem,
Gyersâ môs toe houmbâs...
Edhé toe trétem si plyoûmbi.
De montagne en montagne je m'userai en efforts,
Comme la lumière céleste je brûlerai.
Jusqu'à ce que je perde... (vers incomplet)
Et que je fonde comme le plomb.
Moe thônoe kyoe ndzôre lyinoe,
lalhd m a çkôfç me çoendét ! — Moe s t' a priei boukourinoe,
M" i rhôfç sat- oemoe edhé tut-ét.
On m'a dit que tu as pris la petite vérole,
Dieu veuille qu'elle passe et que tu recouvres la saute
— Ta beauté, elle ne l'a pas détruite :
Puisses-tu vivre pour ta mère et pour ton père!
1S.
Pçeroetita, dôlhi flyâkoe,
Mou noe kyiey vâte tûmi.
— 91 —
Ah me dét, o oûnoe myéri
Kyoe s moe gyéndetoe hrkyimi.
J'ai soupiré (d'amour), il est sorti une flamme,
Jusqu'au ciel la fumée en monta;
Ah! malheur, infortuné que je suis.
Et qui ne puis trouver de médecin !
19.
Moe thânoe kyoe yé i mârhoe
Edhé oûnoe e di vétoe ;
To toe doua dyém toe bârdha'
Sa toe vête noe kyint vyét.
On me dit que tu es capricieux,
fit moi-même je le sais bien ;
J'aimerai les garçons au teint blanc
Quand je vivrais cent années.
20.
Djamadrinoe lyâra-lyâra
Veçouroe poermbi tjelék:
Thém V i dâly l tçoûnit poerpâra,
Kâm frikoe setçô moe flyét.
La veste toute bigarrée (de boutons )
Placée par dessus le gilet :
Je veux aller au devant du garçon,
J'ai peur qu'il ne me parle pas.
•i\
.
Hoûndoenoe si kyelyibdr,
Djevair noe goùçoe toende-,
Fâkyenoe bulyâr çekyér,
Môy hoena kàtoermboedhj'étoe.
(Tu as) le nez pareil à l'ambre.
Des bijoux autour de ton cou :
1. Litt. !<• 'lis i[ue je sorte, c.-à-d. allons sortons.
— 92 -
La jour comme du sucre transparent,
( \ ma lune au quatorzième (jour) *.
22.
Po sa dôlha te djamia
Çtûra sûtoe ânoe mb' ânoe,
Setç m' oupriçnoe moént e mia !
Lyôtoet' pas fâkyes moe ranoe.
Lorsque je fus arrivé à la mosquée
Je jetai les yeux de côté et d'autre ;
A quel point ma raison s'égara !
Les larmes me coulèrent le long de la joue.
23 3
.
Mendôn vétoulhat'e toûa,
Tç m'a mbân çpirtinoe tim kyoe s dély?
Gtûre, moe godlte moûa
Me dû plyoûmba lyidhour me téhj.
Je ne pense qu'à tes sourcils.
Qu'est-ce qui empêche mon âme de sortir ?
Tu as tiré 3
, tu m'as frappé
De deux balles liées par un fil.
24.
Gkôn me vétoulha toe vrâra
Si hoena koûr e zcén' rétoe :
Myéri oûnoe touke kyéroe
Kyûç to t'a çkôn koetoé yétoe ?
1. Litt. lune quatorze ; la lune dans le quatorzième jour de son cours
est un terme de comparaison très-usité chez les Malays et probablement chez
d'autres orientaux.
2. Ce beyt et les deux suivants sont de Bérat ; ils m'ont été dictés par
Mehmed-Ali-bey, petit fils d'Omer Vryonis, connu par la part qu'il prit,
comme adversaire des Grecs, à la guerre de l'indépendance.
3. Un coup de fusil; cette comparaison remplace chez les Albanais les
flèches de Cupidon. jadis si à la mode chez nous.
Tu passes avec les sourcils froncés,
Comme la lune quand les nuages la voilent
Malheureux que je suis, en pleurant
Gomment la passerai-je cette existence?
25.
Mbi gyéthe toe troendafilyit
Roenka vésa si indjia,
Toe thfrourit' kyoe boen bilybilyi
Setç m' i priçi moent e mfa !
Sur les rameaux du rosier
La rosée tombe pareille à des perles ;
Les accords que lance * le rossignol
Gomme ils out égaré ma raison !
DISTIQUES.
26.
Da-lyé toe toe poûth noe héroe,
Pa mérh noe goûr e moe byéroe.
Laisse que je te baise une lois.
Puis prends une pierre et me frappe.
27.
Da-lyé toe toe zoe préy gyiçti.
Pa lvé toe moe dâlyoe çpirti.
Allons, laisse que je te prenne par le doigt.
Puis je consens à perdre la vie -.
28.
niôy vétoulha gyelypoeroe,
Ndritoe ayô kyoe toe kà boeroe!
1. L'appel, le cri que fait.
•^. Litt. laisse que l'esprit me sorte.
— 94 —
O toi (qui as des) sourcils (fins comme des) aiguille-.
Louée soit celle qui t'a enfantée!
29.
To toe vête poermbi drâsa
Toe digyôiï zcénoe, se plyâsa.
Je monterai (jusque) sur les dalles '
Pour entendre ta voix, car je meurs '-'.
30 3
.
Noe yé odjdlc t'a boentç helhi,
Kyâsou arçikout, i rhî prânoe;
Noe môs, thoûa-m', t'a di ç toe boeiï.
Si tu es noble donne-s-en la preuve,
Approche-toi de l'amant, assieds-toi à ses côtés :
Sinon, dis-le moi, que je sache ce que j'ai à fain-.
31.
Niçàne na voùnoe goûroe,
Poer toe vâtour to toe vémi,
Poer toe ardhour s vimoe koûrhoe.
Pour but on nous a posé des pierres ''
.
Quant à aller nous irons,
Quant à revenir nous n'en revenons jamais.
1. Les pierres plates qui couvrent le toit en guise de tuiles.
Si. Litt. j'ai crevé, d'impatience.
3. Ce numéro et le suivant sont des tristiques: on en trouvera plu- bas
quelques autres, mais d'un mètre différent.
4. Celles de la tombe.
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